Samedi dernier, Alain Bernard a honoré de sa présence la piscine qui porte son nom, à Aubagne. Le champion olympique du 100 m venait saluer le club de son coeur, auquel il a fait un cadeau inespéré, ce chèque de 18 830 euros, fruit de son partenariat avec Gillette. Après s’être longuement confié sur son espoir d’être choisi comme porte-drapeau (voir notre quotidien de ce mercredi 18 avril), il a évoqué ses deux dernières grandes échéances, les championnats d’Europe (21-27 mai à Debrecen), puis les JO.
«Les JO débutent dans 100 jours. Etes-vous impatient d’être à Londres ?
Oui et non car il y a beaucoup de travail à faire encore. Et à Londres, je serai très proche de la fin. Avec le recul et ce qui s’est passé à Dunkerque (échec en individuel, qualification avec le relais 4x100m seulement), j’ai vraiment envie d’en profiter à fond. Je sais que mon après carrière ne sera pas forcément la même.
Vous ne pousserez pas jusqu’à Chartres (championnats d’Europe en petit bassin, 22-25/11) ?
Non, autant terminer sur quelque chose de grandiose. Je sens que je ne veux pas aller trop loin, au risque de garder de mauvais souvenirs. En termes d’implication, je sais que je suis à l’extrême limite à l’entraînement. Quand j’ai repris après Dunkerque, Denis (Auguin, son entraîneur) m’a dit avoir été impressionné par ma capacité de réaction. J’ai envie de finir du mieux que je peux. Tout ce que j’ai mis en place depuis un an et demi, deux ans, peut encore porter ses fruits.
«Magnussen est en train de tout révolutionner»Est-il aussi facile de se motiver pour un relais que pour une épreuve individuelle ?
Il faut être réaliste, cela aurait été compliqué de rivaliser avec (James) Magnussen (champion du monde du 100 m). Je ne veux pas dire que je serai son premier supporter car on a des Français(Yannick Agnel et Fabien Gilot) mais c’est un gars qui est en train de tout révolutionner. Je n’aurais pas pu dire aux gens “je vais au Jeux olympiques pour essayer de faire 8e”, ce n’est pas cohérent. Alors qu’en relais, on peut vraiment défendre nos chances.
Avant les JO, il y aura les championnats d’Europe.
Grâce à certains forfaits, je vais pouvoir faire les 50 et 100 m en individuel, en plus du relais. Mine de rien, j’ai un titre à défendre (sur 100 m). J’aimerais bien avoir un mini affûtage. Je vais en discuter avec Denis, il ne l’acceptera que s’il est persuadé que ça ne va pas provoquer de répercussions sur le travail global pour les Jeux. Car le plus important sera d’être compétitif à Londres.
Le 10 juin, le CNOSF annoncera le nom du porte-drapeau, vous êtes candidat.
Le relais 4x100m (dimanche 29/07) est à un jour d’intervalle avec la cérémonie (vendredi 27/07), c’est tout à fait envisageable. Ce serait un grand honneur. A Dunkerque, après avoir fini 5e du 50m nage libre, quand j’ai vu cette ovation à la sortie de l’eau, puis ce qui s’est passé ensuite avec les radios, les TV… Je me rends compte que ce soutien du public va au-delà du sport. J’espère que le CNOSF en tiendra compte aussi.
«J’ai tout le temps cette «crainte» de décevoir»Vous ne réalisiez pas ce soutien auparavant ?
Franchement non. J’ai tout le temps cette “crainte” de décevoir. Ce jour-là, j’ai eu la plus belle des réponses. Je pense que ça va m’aider à être encore plus libéré.
A Londres, que ferez-vous une fois que votre épreuve sera passée ?
Je vais rester mobilisé la semaine entière de compétition de natation. Il faudra qu’on soit une équipe unie, coûte que coûte, pour encourager nos partenaires. La deuxième semaine, il n’y a plus de limites. Je verrai d’autres sports, ferai un peu la fête.
Quels sports ou sportifs voulez-vous voir ?
J’aimerais bien voir le hand, l’athlé, l’escrime. Il y a quatre ans, je n’avais vu aucune autre épreuve. J’avais eu besoin de prendre du recul, de souffler. Là, je vais profiter à fond de cette ambiance. Il y a tellement d’épreuves, c’est dur à choisir. Mais tout ce que tu vas voir aux Jeux, c’est beau. Et nous, on les vit de l’intérieur.»
Alexandre QUEYROY